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mardi 17 février 2009

Michpatim: l'oreille percée du serviteur


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Magazine - Paracha
Écrit par www.hassidout.org
Mardi, 17 Février 2009 20:22

(Discours du Rabbi, Chabbat Parchat Michpatim 5730-1970)
(Etude du commentaire de Rachi sur le verset Michpatim 21, 6)


1. Commentant le verset de notre Paracha(1) : “ Son maître lui percera l’oreille avec un poinçon ”, Rachi explique : “ l’oreille droite, mais peut-être s’agit-il de la gauche. C’est pour cela que le verset emploie le mot ‘oreille’, qui permet un raisonnement par identité de termes. En effet, il est dit ici : ‘son maître lui percera l’oreille’ et, à propos du lépreux(2) : ‘le lobe de son oreille droite’. Puisqu’il s’agit, dans ce dernier cas de l’oreille droite, c’est donc également le cas ici ”(3).

Au sens le plus simple, voici ce que ce commentaire de Rachi veut dire. Le verset indique que : “ son maître lui percera l’oreille ”, au singulier, sans préciser s’il s’agit de l’oreille droite ou gauche. Rachi explique, en conséquence, qu’il s’agit de l’oreille droite, conclusion qu’il adopte à partir d’une identité de terme avec le lépreux.

On peut cependant s’interroger sur cette affirmation. La longue formulation adoptée par Rachi, “ mais peut-être s’agit-il de la gauche ”, précision qui semble superflue, semble indiquer qu’il eut été plus logique, à la lecture de ce verset, de considérer qu’il parle de l’oreille gauche et que la droite est percée uniquement à cause de ce raisonnement par identité de termes avec le lépreux(4). Pourquoi en est-il ainsi ?

2. Puis, Rachi poursuit, dans le même commentaire : “ Et, pourquoi(5) percer l’oreille plus que tout autre membre du corps ? Rabban Yo’hanan Ben Zakaï dit : cette oreille a entendu, sur le mont Sinaï : ‘Tu ne voleras pas’(6). Pourtant, il est allé voler. Qu’elle soit donc transpercée ! S’il s’est vendu comme esclave, cette oreille(7) a entendu sur le mont Sinaï : ‘Car les enfants d’Israël sont Mes serviteurs’(8). Or, il est allé et s’est acquis un maître. Qu’elle soit donc transpercée ! Rabbi Chimeon(9) commentait ce verset comme une allégorie. Pourquoi la porte et le linteau se distinguent-ils de toutes les autres parties de la maison ? Le Saint béni soit-Il répond : La porte et le linteau ont été les témoins en Egypte, lorsque Je suis passé au-dessus du linteau et des deux montants et J’ai dit : ‘Car, les enfants d’Israël sont des serviteurs pour Moi’. Ils sont Mes serviteurs et non ceux d’autres serviteurs. Or, celui-ci est allé s’acquérir un maître. Qu’elle soit donc transpercée ! ”. (Lire la suite)

On peut ici se poser les questions suivantes :

A) Il est dit de l’oreille qui “ a entendu ”, “ qu’elle soit transpercée ”. Cela n’explique pas pourquoi il devrait s’agir précisément de l’oreille droite. Cette affirmation établit uniquement que c’est l’oreille qui doit être percée plus que tout autre membre du corps et ce point n’est donc pas lié à ce que Rachi exposait au préalable. Il soulignait, en effet, que le verset fait précisément allusion à l’oreille droite. Or, pourquoi Rachi n’en fait-il pas deux explications différentes ? En tout état de cause, pourquoi ne supprime-t-il pas le Vav de coordination qui les relie en disant : “ Pourquoi percer l’oreille ” plutôt que : “ Et, pourquoi percer l’oreille ” ?

B) On peut s’interroger, tout particulièrement, sur ce que Rachi introduit par la suite, dans le même commentaire, c’est-à-dire l’explication de Rabbi Chimeon : “ Pourquoi la porte et le linteau se distinguent-ils ? ”, car si Rachi voulait s’interroger sur les particularités de la porte et du linteau, il aurait pu le faire au préalable, dans un commentaire indépendant, en commentant les mots du verset : “ à la porte et devant le linteau ”. Il faut en conclure que, selon le sens simple du verset, cette question ne se pose pas. De fait, c’est pour cela que Rachi dit : “ Rachi Chimeon commentait ce verset comme une allégorie. Pourquoi la porte et le linteau se distinguent-ils ? ”. Ce développement reste, néanmoins, la suite de ce que Rachi exposait au préalable(10). Nous devons donc comprendre le rapport entre les propos de Rabbi Chimeon et ce que Rachi disait auparavant.

C) Rachi affirme que l’oreille est percée parce que : “ cette oreille a entendu sur le mont Sinaï ‘tu ne voleras pas’. Pourtant, il est allé voler ”. De la même façon, cette oreille a entendu : ‘Car, les enfants d’Israël sont Mes serviteurs’. Pourtant, il est allé… ”. Or, cette affirmation soulève les difficultés suivantes :

a) Il aurait fallu, en fonction de tout cela, percer l’oreille de ce serviteur dès qu’il a transgressé ces Injonctions. Pourquoi attendre six ans pour le faire(11) et appliquer la sentence seulement : “ si le serviteur dit : j’aime mon maître ” ?

b) Pourquoi la Torah énonce-t-elle ce principe uniquement à propos du voleur qui n’est pas en mesure de rembourser l’objet de son larcin et qui doit, de ce fait, être vendu par le tribunal ? La raison pour laquelle son oreille est percée ne s’applique-t-elle pas à tous les voleurs, y compris à ceux qui peuvent payer ?

c) Cette même raison(12) s’applique, plus généralement, à toutes les Injonctions de la Torah. Il aurait donc fallu percer l’oreille de l’homme pour chaque faute qu’il commet ! Pourquoi la Torah énonce-t-elle ce principe uniquement à propos de ceux qui transgressent les Préceptes : “ Tu ne voleras pas ” et “ Car, les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ”(13) ?

3. Concernant ce commentaire de Rachi, on peut, en outre, ajouter les questions suivantes :

A) Pourquoi Rachi introduit-il ici une raison supplémentaire, justifiant la nécessité de percer l’oreille d’un homme qui a été vendu par le tribunal pour avoir transgressé l’Injonction : “ Tu ne voleras pas ” ? En effet, en plus des six ans qui doivent s’écouler avant l’application de la sentence et de sa décision, prise de son plein gré, de rester chez son maître, Rachi précise aussi qu’il doit se vendre lui-même comme serviteur et s’acquérir un maître(14) ?

B) Rachi écrit, à propos de celui qui se vend lui-même comme serviteur, “ Cette oreille a entendu : ‘Les enfants d’Israël sont Mes serviteurs’. Or, il est allé et s’est acquis un maître. Qu’elle soit donc transpercée ! ”, ce qui veut bien dire qu’on le punit pour être allé se vendre comme serviteur, au tout début(15). Or, pourquoi ne pas dire qu’il est puni pour avoir dit, à ce moment-là : “ Je ne serai pas libre ” ?

C) On sait(16) que Rachi cite uniquement les mots de la Guemara et du Midrash qui sont nécessaires à son commentaire, car ils définissent le sens simple du verset. Ce principe conduit à s’interroger, en l’occurrence :

a) Pourquoi préciser : “ a entendu sur le mont Sinaï ” ? Ne suffisait-il pas de dire : “ a entendu ”, sans rien ajouter de plus(17) ?

b) Pourquoi introduire les propos de Rabbi Chimeon par : “ Rabbi Chimeon commentait ce verset comme une allégorie ”(18) ?

D) Il a été maintes fois expliqué(19) que Rachi mentionne l’auteur des propos qu’il cite afin de préciser un point du sens simple du verset, qui, bien qu’il ne soulève pas une difficulté importante, pourra cependant étonner l’élève empressé et avisé. Rachi lui apporte donc la précision dont il a besoin, de manière allusive, par la mention du nom de l’auteur. En l’occurrence, quelle question se pose sur le sens simple du verset, à laquelle Rachi répond en mentionnant ce nom ?

4. L’explication de tout cela est la suivante.

Rachi demande ici : “ Et, pourquoi percer l’oreille ? ”. Il ne s’interroge pas sur le choix, par le verset, de l’oreille plus que tout autre membre du corps. En effet, selon le sens simple de la Torah, il n’y a pas lieu d’expliquer les lois qu’elle énonce(20). En fait, nous montrerons qu’une question est soulevée ici par son affirmation selon laquelle il s’agit précisément de l’oreille droite.

Nous comprendrons tout cela en posant, au préalable, une question de portée générale sur tout ce qui est dit ici. Pourquoi ce serviteur doit-il subir une humiliation permanente et supporter une infirmité(21) en ayant l’oreille percée ? Bien plus, il s’agit, en l’occurrence, d’un homme qui a volé et qui est incapable de restituer l’objet du larcin ou bien de le rembourser, c’est-à-dire, de façon générale, d’un homme très pauvre, qui a volé pour apaiser sa faim et celle des membres de sa famille. C’est donc la misère qui lui a fait perdre la tête et, de ce fait, il a transgressé la Volonté de D.ieu(22). Pourquoi lui infliger une punition aussi sévère ? N’est-il pas dit(23) : “ On ne fera pas honte au voleur, car il a volé pour se nourrir, parce qu’il avait faim ” ?

On peut en dire de même à propos de celui qui se vend comme serviteur du fait de sa situation difficile. Un tel homme s’est rabaissé, s’est soumis à l’autorité d’un maître, faisant ainsi la preuve que sa pauvreté le fait souffrir, au point de le conduire à agir à l’encontre la nature humaine.

De même, on ne peut pas lui infliger une telle punition à cause de son désir actuel de rester chez son maître, parce qu’il proclame : “ Je ne serai pas libre ”. En effet, cet homme apporte la justification logique de sa position : “ J’aime mon épouse et mes enfants ”, la femme que son maître lui a donnée et les enfants qu’il a eus avec elle. Car, s’il est libéré, il devra les quitter, ainsi qu’il est dit(24) : “ La femme et les enfants seront à son maître ”. Or, il est dit, à propos du sentiment d’amour qu’il éprouve(25) : “ Il a dit et cela a été accompli. Il a ordonné et cela s’est dressé ”.

Si l’on prend en compte cette constatation surprenante, on doit en conclure que la Torah a préconisé cette punition inhabituelle précisément parce qu’elle est beaucoup plus légère que les autres. Et, de fait, les hommes, les femmes et les enfants acceptent, de leur plein gré, qu’on leur perce l’oreille afin d’y placer une boucle(26).

5. Toutefois, si l’on admet que l’on a fait le choix de percer l’oreille, d’après le sens simple du verset, afin d’alléger la punition, il est plus logique de penser qu’il doit s’agir ici de l’oreille gauche. En effet, celle-ci est inférieure à la droite. Ainsi, commentant le verset(27) : “ sur ton bras ”, Rachi explique : “ le bras gauche, celui qui est faible ”(28). Il y a donc tout lieu de penser que l’on percera l’oreille gauche, la plus basse, plutôt que la droite, la plus haute.

Aussi, après avoir précisé que ce verset fait allusion à l’oreille droite, Rachi se demande : “ mais peut-être s’agit-il de la gauche ”, ce qui semble effectivement le plus logique. Et, il répond à cette question en constatant une identité de termes avec le cas du lépreux, ce qui lui permet d’établir qu’il s’agit bien, en l’occurrence, de l’oreille droite, à l’inverse de ce que l’on aurait pu imaginer d’emblée(29).

Toutefois, cette conclusion suscite la question suivante(30) : “ Et, pourquoi percer l’oreille plus que tout autre membre du corps ? ”. En effet, si la Torah demande de percer l’oreille droite, c’est bien parce qu’elle ne cherche pas à réduire la sévérité de la peine. Il doit donc y avoir ici une autre raison. Dès lors, pourquoi faut-il percer l’oreille plutôt qu’un autre membre du corps ?

Rachi apporte à cette question la réponse suivante : “ Cette oreille a entendu sur le mont Sinaï… Qu’elle soit donc transpercée ! ”. Cette punition doit frapper l’oreille, car celle-ci a entendu ces Injonctions sur le mont Sinaï et, malgré cela, les a transgressées. De ce fait, la sentence s’applique à l’oreille la plus haute, la droite, car c’est essentiellement elle qui écoute.

6. Pourquoi cet homme mérite-t-il une telle punition ? Pourquoi son oreille doit-elle être percée ? Rachi dit que l’oreille de l’homme vendu par le tribunal est percée parce qu’il a volé après avoir entendu l’Injonction : “ Tu ne voleras pas ”. En revanche, il ne l’explique pas ici par le fait que cette oreille a entendu : “ Les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ”, alors que cet homme s’est acquis un maître en disant : “ Je ne serai pas libre ”.

On peut l’expliquer de la façon suivante. Nous avons vu que, lorsqu’un homme commet un larcin et transgresse l’Interdit : “ Tu ne voleras pas ”, on peut penser qu’il est victime de sa situation difficile et de sa pauvreté. Certes, une telle situation ne justifie en aucune façon qu’il adopte un mauvais comportement. Pour autant, il n’y a pas lieu de le punir en lui perçant l’oreille et, de fait, tous les voleurs ne sont pas punis de cette façon.

Toutefois, il est clair que, lorsqu’un homme vole parce qu’il se trouve en difficulté, il en a honte et il ne souhaite pas que son infamie soit connue de tous. S’il est vendu comme serviteur et si tous savent qu’il l’a été parce qu’il a volé, il en est fortement contrarié et, tant qu’il se trouve chez son maître, il attend avec impatience d’en être libéré.

De ce fait, celui qui n’est pas pressé de recouvrer la liberté, bien plus, qui désire rester chez son maître, fait ainsi la preuve que, d’emblée, il n’a pas été humilié par ce qui lui est arrivé, ne se préoccupe pas de la publicité faite autour de son vol, qui a provoqué sa vente comme serviteur. L’issue finale permet d’établir que, d’emblée, il a volé parce qu’il a une nature mauvaise et n’a pas transgressé l’Injonction : “ Tu ne voleras pas ” seulement parce qu’il était en difficulté. En conséquence, “ cette oreille qui a entendu : ‘Tu ne voleras pas’… Qu’elle soit donc transpercée ”.

Il en est de même pour celui qui est vendu parce qu’il est dans une situation difficile(31). Quand il le fait, il n’y a pas lieu de lui percer l’oreille. Sa pauvreté l’a conduit à un cas de force majeure. En revanche, lorsqu’il dit, par la suite : “ J’aime mon maître ”, affirmant ainsi qu’il ne veut pas être libéré(32), il fait la preuve que son état de serviteur lui importe peu. D’emblée, celui-ci ne s’est donc pas vendu du fait de sa pauvreté, mais parce qu’il se soucie peu d’être un serviteur.

De ce fait, même si son désir actuel de rester chez son maître ne justifie pas qu’on le punisse en lui perçant l’oreille, puisqu’il est mis en difficulté, au moins quelque peu, par l’amour naturel qu’il éprouve pour son épouse et ses enfants, comme on l’a dit, il n’en reste pas moins que sa déclaration, “ J’aime mon maître ”, atteste qu’il n’est pas affecté par le fait d’être un serviteur. L’issue finale établit ce qu’il en était depuis le début. Cet homme ne s’est pas vendu par difficulté, mais de son plein gré(33). Son oreille est donc percée, parce qu’il “ est allé et s’est acquis un maître ”.

De même, celui qui n’est pas allé s’acquérir un maître mais a été vendu par le tribunal, contre son gré, ne peut pas être puni parce que : “ les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ”, alors qu’il a dit : “ J’aime mon maître ”, car il se trouve alors en cas de force majeure(34), comme on l’a dit. Rachi doit donc préciser que l’on perce l’oreille de celui qui a été vendu par le tribunal parce qu’il a transgressé l’Injonction : “ Tu ne voleras pas ”.

7. Ce qui vient d’être dit nous permettra de comprendre la précision introduite par Rachi : “ Cette oreille a entendu sur le mont Sinaï ”. En effet, c’est la gravité de la faute qui est soulignée ainsi, de même que la raison pour laquelle cette homme est puni en perçant son oreille.

Ce serviteur a entendu ces Injonctions directement de D.ieu, sur le mont Sinaï(35). Or, il est clair, pour le Saint béni soit-Il, qu’un homme peut être confronté à la pauvreté, se trouver dans une situation difficile qui le contraindrait à voler ou bien à se vendre comme serviteur afin d’assurer sa propre subsistance et celle des membres de sa famille. Malgré cela, D.ieu a ordonné : “ Tu ne voleras pas ”(36) et Il a proclamé que : “ les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ”. Il nourrit Lui-même toutes Ses créatures(37) et, à n’en pas douter, Il peut donc assurer également la subsistance de cet homme(38) d’une autre manière, sans qu’il ne soit conduit à transgresser Sa Volonté. Aussi, même si sa situation est difficile, un homme doit s’en remettre à D.ieu, Qui lui viendra en aide et le délivrera de sa détresse. Or, ce serviteur n’a pas eu confiance en D.ieu. Il a transgressé Ses Commandements. De ce fait, l’oreille qui a entendu : “ Tu ne voleras pas ” et “ les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ” doit être percée.

8. En outre, Rachi apporte ici une précision supplémentaire, permettant de mieux saisir ce qui vient d’être dit, afin de justifier que l’oreille du serviteur, précisément, soit percée : “ Rabbi Chimeon commentait ce verset comme une allégorie ”, ce qui veut bien dire qu’en l’occurrence, quand il s’agit de percer son oreille, la Torah a défini sa punition en sorte qu’elle corresponde, jusque dans le moindre détail, à la faute qui a été commise, “ Car, les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ”(39).

Et, Rachi indique lui-même pourquoi il cite cette explication de Rabbi Chimeon en la définissant “ comme une allégorie ”, c’est-à-dire(39*) : “ une collection de perles et de parfums ”. Rachi montre, de la sorte, que ces mots ont sur ce commentaire l’effet des perles et des parfums. Les perles se trouvant dans une pièce y diffusent une lumière brillante(40), éclairant tout ce qui s’y trouve. On les porte, comme bijou et comme parure, sur une certaine partie du corps, mais, aussitôt, elles transforment la personne qui les porte, dans sa globalité. De la même façon, les parfums diffusent une bonne odeur en tout ce qui les entoure.

C’est pour cela que Rachi dit ici : “ comme une allégorie ”, justifiant que l’on ait distingué la porte et le linteau. En effet, “ nous étions esclaves en Egypte ” et D.ieu dit : “ Car, les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ”, ce qui précise effectivement la notion préalablement exposée. L’oreille de ce serviteur est donc bien percée parce qu’il a entendu : “ Les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ”.

Ainsi, le commentaire de Rachi, “ Et, pourquoi percer l’oreille plus que tout autre membre du corps ? ”, n’a pas pour but d’expliquer la raison de ce verset, puisque, selon son sens simple, il n’y a pas lieu de le faire, car on ne justifie pas une punition infligée par la Torah. Il est formulé uniquement pour répondre à la question(41) qui est soulevée par l’affirmation qui l’introduit, le fait que la sentence soit exécutée sur l’oreille droite, comme on l’a longuement expliqué au paragraphe 2. De ce fait, Rachi cite l’explication de Rabbi Chimeon, sans conjonction de coordination et, non pas dans son commentaire précédent, “ à la porte ”, mais bien ici, car celle-ci a pour seul but d’énoncer la raison de ce verset. Or, selon son sens simple, il n’y a pas lieu de le faire(42). Et, Rachi précise le nom de l’auteur de cette explication, Rabbi Chimeon, afin d’indiquer qu’il s’agit bien de la raison du verset puisque, selon un principe établi(43) : “ Rabbi Chimeon commente la raison du verset ”.

Pour autant, Rachi cite les propos de Rabbi Chimeon à la suite de ceux de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, puisqu’ils expliquent le verset en introduisant : “ comme une allégorie ”(44), selon ce que l’on vient de voir. Cette conclusion peut être formulée d’une manière quelque peu différente. Rachi apporte ici deux réponses à la question : “ Et, pourquoi percer l’oreille plus que tout autre membres du corps ? ”. Il dit tout d’abord : “ Rabban Yo’hanan Ben Zakaï dit ”, puis : “ Rabbi Chimeon commentait ce verset ”.

9. Mais, au final, l’élève éveillé demandera pourquoi infliger une punition aussi grave à quelqu’un qui a transgressé le Précepte : “ Tu ne voleras pas ” uniquement parce qu’il était dans une situation difficile. De même, il est difficile de le punir sévèrement pour avoir dit : “ J’aime mon maître ”, car cet homme dit également : “ J’aime mon épouse et mes enfants ”, comme on l’a rappelé. C’est pour répondre à cet élève que Rachi cite les propos de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï.

On sait, en effet, que Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, après avoir reçu le titre de Rabban, se consacrait uniquement à l’étude de la Torah, bien qu’il ait vécu à l’époque de la destruction du Temple, puis après celle-ci, quand la pauvreté et l’étroitesse étaient grandes(45). Nos Sages disent(46) que : “ pendant quarante ans, il fit du commerce, pendant quarante ans il étudia la Torah et, pendant quarante ans, il l’enseigna ”, “ il ne marchait pas quatre coudées sans dire des mots de la Torah ”, “ personne n’arrivait avant lui à la maison d’étude ”(47). Quand le Temple fut détruit, il s’assura que la Torah se perpétuerait au sein du peuple d’Israël et, dans ce but, il formula la requête : “ Donne-moi Yavné et ses Sages ”(48).

Rabban Yo’hanan Ben Zakaï délivrait cet enseignement à chacun et il précise, dans le traité Avot(49) : “ Si tu as abondamment étudié la Torah, ne t’en sais pas gré, car c’est pour cela que tu as été créé ”. Telle est bien la finalité de l’homme, y compris celle du commerçant(50), sa préoccupation essentielle dans la vie.

Rachi souligne donc que cette explication a été donnée par Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, dont toute la préoccupation était la Torah. En effet, c’est la Torah qui demande de prendre épouse et qui dit : “ Il a dit et cela a été accompli : cela fait allusion à l’amour pour son épouse ”, comme on l’a rappelé auparavant. Malgré cela, la même Torah a prescrit qu’au bout de six ans, le serviteur devait être libéré et elle a également fait savoir(51) que “ les pauvres ne disparaîtraient pas de la terre ”. Néanmoins, elle enjoint : “ Tu ne voleras pas ”.

10. Par ailleurs, Rabban Yo’hanan Ben Zakaï soulignait également l’importance de la bienfaisance, comme le relatent les Avot de Rabbi Nathan(52), selon lesquels lui-même et son disciple Rabbi Yochoua passèrent devant l’endroit du Temple et virent ses ruines. Rabbi Yochoua s’écria : “ Malheur à nous ! Il est détruit ! ”. Rabban Yo’hanan Ben Zakaï lui répondit : “ Ne t’en attriste pas ! Nous avons une consolation ! Il s’agit de la bienfaisance ”, qu’il comparait donc au Temple lui-même.

Rachi fait allusion à cela en rappelant que l’auteur de cette explication est Rabban Yo’hanan Ben Zakaï. Ceci permet, en effet, de mieux comprendre pourquoi l’on perce l’oreille du serviteur. Ainsi, la Torah se préoccupe également de celui qui subit l’oppression et la pauvreté et elle ordonne, à son propos : “ Si tu prêtes de l’argent à Mon peuple : ceci est une obligation ”(53). En conséquence, cet homme aurait assurément pu trouver de nombreuses personnes qui lui auraient prêté de l’argent. Il aurait donc dû avoir recours à la bienfaisance plutôt que de transgresser ces Préceptes.

11. On trouve également, dans ce commentaire de Rachi, “ le vin de la Torah ”.

Certains sont à ce point absorbés par leurs affaires matérielles, pendant les six jours de la semaine, qu’ils deviennent “ les serviteurs des serviteurs ”, ceux de leur désir matériel, au même titre que cet homme qui s’acquiert un maître pour six ans. Puis, quand vient le septième jour, le saint Chabbat, pendant lequel il faudrait être libéré de tout cela(54), se reposer et se détacher de toutes les activités profanes, ils refusent de le faire, car ils éprouvent un amour profond pour leurs préoccupations matérielles, leur sont intimement liés, sont absorbés par elles et leur sont soumis.

L’enseignement suivant est donc délivré ici. Le Saint béni soit-Il proclame que : “ les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ”. Un Juif se doit de servir D.ieu en étudiant la Torah et en mettant en pratique les Mitsvot(55), “ car c’est pour cela que tu as été créé ”. C’est dans ce but que son âme descend ici-bas, c’est la mission qui lui est confiée dans le monde. Telle est l’injonction de D.ieu, Qui crée tout être et le fait vivre. Il est donc certain qu’Il accorde les forces et les moyens nécessaires pour mener à bien cette mission. Ainsi, il est possible, pendant la semaine, d’assumer des activités matérielles sans pour autant leur être assujetti, sans devenir le “ serviteur des serviteurs ”. Bien au contraire, il faut se servir de ces activités pour satisfaire le besoin véritable, celui d’être le serviteur du Saint béni soit-Il. Puis, quand arrive le saint Chabbat, on récite le Kiddouch et la Havdala et l’on s’élève au-dessus de toute existence matérielle. On se consacre uniquement(56) à l’étude de la Torah et au service de D.ieu.

En adoptant un tel comportement, en se consacrant à l’étude de la Torah(57) et aux Mitsvot, un homme parvient à se libérer de son exil personnel. De la sorte, il hâte la délivrance de l’exil collectif. Ainsi, à l’époque de la destruction du Temple, Rabban Yo’hanan Ben Zakaï se rendit auprès de ceux qui le perpétrèrent et il parvint à les convaincre de lui donner Yavné et ses Sages, lieu de l’enseignement du grand Sanhédrin(58). Car, l’homme qui étudie la Torah est réellement libre. Ainsi, très bientôt, nous mériterons la venue du Machia’h(59) et la reconstruction du Temple, avec sa porte et son linteau, qui furent les témoins en Egypte. Il est dit(60), en effet, que : “ ses portes se sont enfoncées dans la terre ”. Celles-ci se révèleront donc et elles complèteront(61) l’édification du Temple, laquelle, de la sorte, sera parfaite.

Notes

(1) 21, 6.
(2) Metsora 14, 14 et 25, 28. . Le verset parle du “ lobe de l’oreille droite de celui qui est purifié ”. Néanmoins, différentes éditions du commentaire de Rachi, de même que le manuscrit, présentent la formulation que l’on trouve dans ce texte. C’est aussi ce que dit le Me’hilta, sur ce verset, de même que le Sifri, Parchat Reéh, au paragraphe 122.
(3) Me’hilta sur ce verset avec une formulation quelque peu différente.
(4) Rabbi Ovadya de Bartenora explique : “ Mais, peut-être n’est-ce pas…, ce serait donc l’une ou l’autre, car pourquoi s’agirait-il de la gauche plutôt que de la droite ? ” Rachi, en revanche, indique : “ Mais, peut-être s’agit-il de la gauche ”, sans répéter le mot “ oreille ”. En conséquence, on peut, selon lui, réellement penser que le verset fait allusion à l’oreille gauche, comme le dit le texte.
(5) Me’hilta sur ce verset, mais avec une formulation différente.
(6) Plusieurs commentaires, en particulier le Mochav Zekénim sur la Torah, le Reém, le Riva et le Maskil Le David, objectent que le Commandement : “ Tu ne voleras pas ” (Yethro 20, 13) fait référence au vol d’une personne, comme Rachi le précise lui-même, à cette référence. Il aurait donc dû citer le verset (Kedochim 19, 11) : “ Vous ne volerez pas ”, qui interdit de voler de l’argent. De fait, le ‘Hizkouni et le Maskil Le David, en particulier, rectifient le texte en ce sens. Et, le Reém donne l’explication suivante : “ Cette oreille a entendu, sur le mont Sinaï, l’interdiction de voler exprimée dans sa globalité, laquelle inclut également le vol de l’argent ”. De fait, toutes les Mitsvot sont incluses dans les dix Commandements, comme Rachi l’explique, à propos du verset Yethro 24, 12, selon Rabbi Saadya Gaon. De même, Rachi dit, par la suite : “ l’oreille qui a entendu sur le mont Sinaï : ‘Car, les enfants d’Israël sont Mes serviteurs’ ”, ce qui n’est pas un verset des dix Commandements, mais de la Parchat Behar 25, 55. Cette idée figure, néanmoins, dans le premier Commandement : “ Je suis l’Eternel ton D.ieu Qui t’ai fait sortir du pays de l’Egypte, de la maison de la servitude ”. A cette référence, Rachi explique : “ Cette sortie justifie que vous Me soyez assujettis ”. Et, l’on verra le Léka’h Tov, de Najara, cité par le Torah Cheléma, à cette référence, au paragraphe 123. On peut trouver une allusion à ce Précepte également dans le second Commandement, “ Tu n’auras pas d’autres dieux ”, d’après le Yerouchalmi, premier chapitre du traité Kiddouchin, à la fin du second paragraphe : “ L’oreille qui a entendu sur le mont Sinaï : ‘Tu n’auras pas d’autres dieux devant Ma face’ et qui a rejeté le joug de la Royauté divine pour se soumettre à celui d’un homme de chair et d’os ”. Mais, le Yerouchalmi, à cette référence, conclut : “ L’oreille qui a entendu sur le mont Sinaï : ‘Car les enfants d’Israël sont Mes serviteurs’ ”.
(7) Traité Kiddouchin 22b.
(8) Behar 25, 55. Voir, plus haut, la note 6.
(9) Traité Kiddouchin 22b. Ceci ne figure pas dans le manuscrit de Rachi. Voir, plus bas, la note 44.
(10) Dans la première et la seconde éditions, les commentaires de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï et Rabbi Chimeon sont énoncés dans l’ordre inverse. Dans la plupart des éditions, en revanche, on trouve la formulation qui est citée ici. On pourrait expliquer cette inversion par le fait que le verset cité par Rabban Yo’hanan précède celui qui est cité par Rabbi Chimeon, mais ce n’est pas le cas, car Rachi l’aurait alors expliqué au préalable, dans un commentaire indépendant, à propos des mots : “ à la porte et devant le linteau ”, comme le précise le texte.
(11) Certes, on peut penser qu’au bout des six ans, quand il dit : “ J’aime mon maître ”, sa faute est plus grave, puisqu’il la réitère, comme le fait remarquer le Maskil Le David. Ce serait donc pour cela qu’on le punit. Toutefois, Rachi dit : “ il est allé et s’est acquis un maître ”. Il fait donc bien allusion à son arrivée chez ce maître, comme on le dira au paragraphe 3 et l’on verra également le paragraphe 5.
(12) La question du texte porte essentiellement sur l’oreille qui a entendu : “ Tu ne voleras pas ”. En effet, “ les enfants d’Israël sont Mes serviteurs ” est un Précepte de portée générale et fondamentale, enjoignant d’être le serviteur de D.ieu. Il n’en est pas de même pour les Injonctions plus spécifiques.
(13) On verra aussi, en particulier, le Mochav Zekénim sur la Torah, le Reém, le Gour Aryé et le Maskil Le David.
(14) Bien plus, le traité Kiddouchin le dit clairement et Rachi choisit précisément la version du Me’hilta. On verra l’explication du paragraphe 57.
(15) On verra le ‘Hizkouni qui dit : “ On peut avancer que, de ce fait, il est coupable dès le début de sa servitude, ce qui est le sens de ‘il est allé’, alors que ‘il s’est acquis un maître’ correspond à la fin de sa servitude. En fait, il s’acquiert un maître pour la seconde fois ”.
(16) Voir aussi le Likouteï Si’hot, tome 10, dans la première causerie de la Parchat Vayéchev.
(17) Bien plus, le Me’hilta ne cite pas le mont Sinaï, mais seulement “ l’oreille qui a entendu ”, sans autre précision. La Guemara dit : “ qui a entendu Ma Voix ”, mais Rachi ne la cite pas. Dans un manuscrit de Rachi, il est dit : “ qui a entendu Ma Voix sur le Sinaï ”. Néanmoins, toutes les versions, y compris la première et la seconde, ne reproduisent pas cette expression. On verra, plus bas, la note 35.
(18) De fait, en l’occurrence, le Me’hilta et la Guemara rapportent cette expression dans le commentaire de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, qui, d’ailleurs, l’emploie également par ailleurs, puisque la Tossefta du traité Baba Kama 7b dit : “ Rabban Yo’hanan Ben Zakaï énonce cinq explications comme une allégorie ”. Mais, Rachi ne cite pas tout cela. La première et la seconde éditions disent bien “ comme une allégorie ” dans les propos de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, mais l’on ne retrouve pas cette expression dans toutes les autres éditions, ni dans le manuscrit de Rachi.
(19) Voir le Likouteï Si’hot, tome 5, aux pages 191 et 204.
(20) Certes, en la matière, on peut expliquer les lois de la Torah d’après le sens simple du verset. Toutefois, la formulation de Rachi, “ Et, pourquoi percer l’oreille ? ” indique qu’une question est posée et qu’une réponse lui est donnée. Du reste, Rachi ne cite pas, de manière allusive, la raison pour laquelle on utilise un poinçon. On verra, à ce sujet, le Baal Ha Tourim et le Daat Zekénim Mi Baaleï Ha Tossafot.
(21) On verra, dans le Me’hilta, la discussion pour établir si l’on peut percer l’oreille d’un Cohen.
(22) Traité Erouvin 41b.
(23) Michlé 6, 30.
(24) Michpatim 21, 4.
(25) Traité Chabbat 152a. Voir le Tanya, au chapitre 49, qui applique à cela l’Injonction du Chema Israël : “ de tout ton cœur ”, car le cœur de l’homme leur est naturellement attaché.
(26) Tissa 32, 2-3.
(27) Bo 13, 16.
(28) Bo 13, 9.
(29) Ceci nous permet de comprendre pourquoi l’on a recours précisément à une identité de termes plutôt, par exemple, qu’à une règle générale, s’appliquant à différents cas. En effet, ce cas est particulier, car il convient de réduire la punition, dans toute la mesure du possible. Il conviendrait donc de percer l’oreille gauche, comme le dit le texte. Et, Rachi, commentant le traité Yebamot 104a, dit : “ L’oreille est orientée en deux sens, vers le lépreux et vers le serviteur chez qui elle est percée ”. On verra aussi ce que Rabbi Ovadya de Bartenora dit de ce commentaire de Rachi.
(30) Le Maskil Le David donne une explication similaire. Il dit que, sans cette identité de termes, on pourrait penser que c’est la partie supérieure du lobe de l’oreille qui est percée. En effet, sa chair est fine et tendre et l’on souffre peu, quand elle est percée. Néanmoins, Rachi précise que cette identité de termes est constatée à partir du cas du lépreux. Or, elle ne peut pas être faite à moitié et l’oreille du lépreux est percée au milieu de la chair. Il en est donc de même ici et percer l’oreille de cette façon impose une immense douleur, comme c’est le cas dans les autres endroits du corps. Dès lors, la question se pose : pourquoi percer l’oreille plutôt qu’un autre membre du corps ? Rachi, par contre, ne fait nullement allusion au fait que l’oreille est percée en son milieu. On verra, à ce propos, le Me’hilta, sur ce verset et le traité Kiddouchin 21b.
(31) Le Reém écrit : “ Il est difficile d’admettre qu’au début des six ans, cet homme s’est vendu uniquement du fait de sa pauvreté. On ne peut donc pas dire qu’il ‘est allé et s’est acquis un maître’ ”. Par contre, le Mochav Zekénim avance : “ Quand il se vend du fait de sa situation difficile, la première fois, il est victime de sa pauvreté. Il n’y a donc pas lieu de lui percer l’oreille. Par contre… ”. Et, l’on verra, en particulier, le Maskil Le David.
(32) Bien plus, le maître doit nourrir lui-même, son épouse et ses enfants, comme le dit Rachi, commentant le verset 21, 3. Or, d’ordinaire, le serviteur possède de l’argent, qu’il a obtenu en se vendant. Et, son maître lui en ajoutera en le libérant, conformément à l’Injonction énoncée par le verset Reéh 15, 14 : “ Gratifier, tu le gratifieras ”. Il est donc impossible de considérer qu’il souhaite rester esclave parce qu’il serait pauvre, s’il était libéré.
(33) Le Maskil Le David explique que l’on aurait, certes, pu lui percer l’oreille d’emblée. Toutefois, la Torah demande de le faire uniquement quand la faute est répétée une seconde fois. Pour autant, cette explication n’est pas suffisante, comme on l’a vu aussi à la note 11. En effet, une question se pose encore : pourquoi ne perce-t-on pas l’oreille d’un homme qui commet une faute pour la seconde fois, quelle qu’elle soit ?
(34) On verra aussi le Mochav Zekénim, qui dit : “ Il n’a pas été vendu de son plein gré. Maintenant, en revanche, c’est lui qui se vend. Pour autant, il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une vente. Il n’en est ainsi que du fait de la vente du tribunal ”. Bien entendu, il n’y a pas lieu de le punir pour avoir été la cause, a priori, qui a conduit à le vendre comme serviteur.
(35) Selon le simple du verset, il est dit : “ Et, D.ieu prononça toutes ces Paroles ”. Rachi, commentant le verset Yethro 20, 1, dit que D.ieu prononça les dix Commandements en une seule Parole. Le Tséda La Dére’h, analysant ce commentaire de Rachi, dit que les enfants d’Israël entendirent cette Parole et la comprirent directement du Saint béni soit-Il. Puis, Moché parlait et il leur faisait entendre ces Commandements pour la seconde fois, comme le dit Rachi à propos du verset Yethro 19, 19, “ il répéta et commenta chaque Commandement de manière indépendante ”, donnant ainsi l’explication de la Parole qu’ils avaient entendu du Saint béni soit-Il, le premier Commandement. Or, la seconde fois également, on entendait également la Voix du Saint béni soit-Il, comme le souligne le Tséda La Dére’h, analysant le commentaire de Rachi, à cette référence. Les différentes conceptions sur la manière dont furent dits et entendus ces dix Commandements sont exposées par le Torah Cheléma, sur le verset Yethro 20, 1, au paragraphe 8 et dans les additifs. On consultera le traité Kiddouchin, à la même référence, qui dit : “ L’oreille qui a entendu Ma Voix ”, de même que le Reém et le Tséda La Dére’h, à cette référence, qui font allusion à la première fois, à la Voix du Saint béni soit-Il Lui-même. Rachi ne reprend pas l’expression : “ a entendu Ma Voix ”, comme on l’a souligné à la note 17. En effet, en disant : “ Qui a entendu sur le mont Sinaï ”, sans autre précision, Rachi inclut également le Commandement : “ ‘Tu ne voleras pas ” qui fut entendu la seconde fois, de Moché notre maître, comme on l’a dit.
(36) En outre, il en a pris un engagement en ce sens et il a dit : “ oui après une Injonction, non après un Interdit ”, comme le précise Rachi, commentant le verset 20, 1. On verra la longue explication du Likouteï Si’hot, tome 6, à partir de la page 119.
(37) Voir le traité Chabbat 107b, qui dit : “ Le Saint béni soit-Il siège et nourrit depuis les cornes de la licorne jusqu’à… ”.
(38) Voir le traité Ketouvot 67b, qui affirme que le Saint béni soit-Il accorde à chacun sa subsistance en son temps.
(39) Et, celui qui a été vendu par le tribunal lui-même, que l’on ne peut donc pas accuser d’avoir souhaité cette vente, lorsqu’il dit maintenant : “ J’aime mon épouse ”, remet effectivement en cause le principe selon lequel : “ Les enfants d’Israël sont Mes serviteurs. Il est donc concerné par cette punition et, dès lors, “ son maître le placera devant la porte ”.
(39*) Selon le commentaire de Rachi sur le traité Kiddouchin, à la référence précédemment citée.
(40) Commentant le verset Noa’h 6, 16 : “ Tu feras une pierre précieuse ”, nos Sages expliquent, en particulier dans le traité Sanhédrin 108b et le Midrash Béréchit Rabba, chapitre 31, au paragraphe 11, qu’une perle est brillante. Néanmoins, dans son commentaire de ce verset, Rachi parle uniquement d’une pierre précieuse. En effet, il en existe différentes sortes, qui sont toutes désignées par ce terme générique. On verra, à ce propos, le Likouteï Si’hot, tome 10, à la page 19 et dans la note 4.
(41) On comprendra ainsi pourquoi Rabban Yo’hanan Ben Zakaï explique que l’oreille est percée, sans préciser qu’on le fait près de la porte. Or, si l’on commente le premier élément, pourquoi ne pas en faire de même pour le second ? Pourtant, Rabban Yo’hanan Ben Zakaï n’en énonce pas ici la raison. Il ne fait que répondre à la question qui a été posée. Rabbi Chimeon, pour sa part, n’explique pas pourquoi l’on perce précisément l’oreille, alors qu’il a l’habitude d’énoncer la raison du verset, comme le dit le texte. Mais, l’on peut dire simplement que Rabban Yo’hanan Ben Zakaï a d’ores et déjà énoncé cette raison au préalable. En effet, le nom “ Rabbi Chimeon ”, lorsque aucune autre précision n’est fournie, désigne Rabbi Chimeon Ben Yo’haï, comme le précise Rachi, commentant le traité Chevouot 2b. Or, celui-ci était le disciple de Rabbi Akiva, élève de Rabbi Eliezer le grand, qui était lui-même le disciple de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï. En revanche, on ne peut pas imaginer que Rabban Yo’hanan Ben Zakaï s’en soit remis à ce que dirait Rabbi Chimeon.
(42) Ceci nous permettra de comprendre que l’ordre ait été modifié, dans ce commentaire de Rachi. Ainsi, la question : “ Et, pourquoi percer l’oreille plus que tout autre membre du corps ? ” ne figure pas dans les propos de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï. En effet, elle se pose sur le sens simple du verset, comme on l’a indiqué au paragraphe 2. A l’opposé, la question : “ Pourquoi la porte et la linteau se distinguent-ils de toutes les autres parties de la maison ? ” figure bien dans les propos de Rabbi Chimeon, car elle se pose uniquement pour celui qui commente la raison du verset.
(43) Traité Yoma 42b et Yebamot 23a. La Guemara, à la référence précédemment citée du traité Kiddouchin, dit : “ Rabbi Chimeon fils de Rabbi commentait ”. Cette version figure également dans la seconde édition de Rachi. En revanche, la première et les suivantes reprennent la formulation qui est donnée par ce texte. D’après ce qui est dit ici, on comprend que Rachi ait dit : “ Rabbi Chimeon ”, sans autre précision, car c’est Rabbi Chimeon qui commente la raison du verset.
(44) De ce fait, dans le manuscrit de Rachi, on ne trouve pas le commentaire de Rabbi Chimeon car, par lui-même, celui-ci n’est pas déterminant pour le sens simple du verset. On verra, à ce propos, la note 9.
(45) Voir, en particulier, le traité Guittin 56a. Ceci permet de répondre à la question que posent les Tossafot Yom Tov sur le commentaire de Rachi, à la fin du traité Sotta. En effet, la Michna dit : “ Depuis la mort de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, l’éclat de la sagesse a disparu ” et Rachi explique : “ Nous ne savons pas ce que cela veut dire ”. Les Tossafot Yom Tov soulèvent donc l’objection suivante : “ Pourquoi ne donne-t-il pas la même interprétation que celle qu’il énonce plus loin, à propos de ‘l’éclat de la prêtrise’ ? ”. En effet, la Michna dit : “ Depuis la mort de Rabbi Ichmaël Ben Fabi, l’éclat de la prêtrise a disparu ” et Rachi explique alors : “ Il était sage et riche. De nombreux Cohanim mangeaient à sa table ”. En conséquence, pourquoi ne pas en dire de même, à propos de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, qui était riche, grand érudit de la Torah et qui soutenait de nombreux disciples ? Pourquoi ne pas dire que tout ceci disparut avec sa mort ? En fait, ce qui est dit dans le texte permettra de comprendre que Rachi ne peut pas avancer une telle interprétation. Même si l’on admet que Rabban Yo’hanan Ben Zakaï était déjà riche avant la destruction du Temple, on ne peut pas interpréter la Michna de cette façon, car, par la suite, le Temple fut détruit et la pauvreté s’instaura. Et, il en fut ainsi de nombreuses années avant la mort de Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, avec tout ce qui en résulta.
(46) Traité Sanhédrin 41a.
(47) Traité Soukka 28a.
(48) Traité Guittin 56b.
(49) Chapitre 2, Michna 8.
(50) Comme on peut le déduire de la formulation : “ Si tu as étudié abondamment la Torah ”, c’est-à-dire au-delà de la mesure qui est fixée pour chacun. Or, un érudit se consacrant à cette étude doit la pratiquer “ le jour et la nuit ”, au sens le plus littéral, selon la longue analyse qui est faite par les lois de l’étude de la Torah, de l’Admour Hazaken, chapitre 3, aux paragraphes 4 et 5.
(51) Reéh 15, 11.
(52) Chapitre 4, au paragraphe 5.
(53) Michpatim 22, 24 et dans le commentaire de Rachi sur ce verset. Voir aussi le Likouteï Si’hot, tome 11, seconde causerie de la Parchat Beaalote’ha.
(54) Voir le commentaire de la Torah de Rabbénou Avraham, fils du Rambam, de même que le Yerouchalmi qui est cité plus haut, à la note 6. Voir aussi ce que dit le ‘Hizkouni à propos d’un serviteur qui est vendu pour avoir volé, ce qui fait la preuve de sa crainte de D.ieu défaillante : “ Il aurait dû craindre le Saint béni soit-Il. Rabban Yo’hanan Ben Zakaï dit : l’honneur du serviteur est mis en parallèle avec celui du Créateur ”.
(55) De fait, la bienfaisance, que Rabban Yo’hanan Ben Zakaï compare au Temple, est l’équivalent de toutes les Mitsvot à la fois, selon, en particulier, le Likouteï Torah, Parchat Reéh, à la page 23c. Et, le Tanya dit, au chapitre 37, que la bienfaisance est définie comme “ la Mitsva ”, par excellence, dans le Yerouchalmi. On verra, à ce propos, la fin du traité Péa, dans le Yerouchalmi et Iguéret Ha Kodech, au chapitre 32.
(56) Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, chapitre 290, au paragraphe 5. Voir le Yalkout Chimeoni, au début de la Parchat Vayakhel et la fin d’Iguéret Ha Kodech. On consultera également le Likouteï Si’hot, tome 6, à la page 217, dans la note 47.
(57) On consultera l’affirmation de nos Sages, énoncée au traité Kiddouchin 30b, selon laquelle : “ si tu rencontres cet être dépravé, conduis-le à la maison d’étude ”. On verra aussi le Likouteï Si’hot, tome 2, à la page 371, qui commente l’affirmation de nos Sages, énoncée dans le traité Avot, chapitre 6, à la Michna 2, selon laquelle : “ n’est libre que celui qui se consacre à l’étude de la Torah ”. En effet, grâce à cette étude, l’âme est libérée de son exil au sein du corps physique et de l’âme animale.
(58) Traité Roch Hachana 29b et 31a.
(59) Voir les lois des rois, du Rambam, à la fin du chapitre 11, qui disent : “ Un roi de la maison de David se dressera. Il sera versé dans la Torah et il se consacrera aux Mitsvot. Il conduira tout Israël à la suivre et à renforcer sa pratique. Il reconstruira le Temple à sa place et il rassemblera les exilés d’Israël ”. On sait que le Rambam est précis également dans l’ordre des faits qu’il énonce. Et, l’on consultera, à ce propos, le début de ce même chapitre.
(60) E’ha 2, 9. Voir le Midrash Bamidbar Rabba, chapitre 15, au paragraphe 13, qui dit : “ Les portes du Temple ont été cachées à leur place, ainsi qu’il est dit : ‘enfoncées dans la terre’ ”. C’est aussi ce que dit le Midrash E’ha Rabba, chapitre 2, au paragraphe 13, à propos de ce verset, de même que le Zohar, tome 1, à la page 3a. On consultera aussi le Torat ‘Haïm sur ce verset, au paragraphe 39.
(61) Ceci nous permet d’accorder les deux avis que l’on trouve dans les enseignements de nos Sages, à propos du Temple du monde futur. On les trouvera dans le Midrash Tan’houma, à la fin de la Parchat Pekoudeï, dans le Zohar, tome 1, à la page 28a, dans les commentaires de Rachi et des Tossafot sur le traité Soukka 41a qui disent que, dans le monde futur, le Temple descendra du ciel, entièrement construit. En revanche, le Rambam, dans ses lois des rois, à la fin du chapitre 11, se basant, en particulier, sur le Yerouchalmi, traité Meguila, chapitre 1, au paragraphe 13, affirme que c’est le Machia’h qui reconstruira le Temple. On verra aussi, dans le Likouteï Si’hot, tome 11, la seconde causerie de la Parchat Pekoudeï, au paragraphe 7 et les références indiquées dans les notes 39 et 42. En fonction de ce qui est expliqué ici, on peut donc penser que le Temple, déjà prêt, descendra effectivement du ciel, alors que ses portes, qui se sont enfoncées dans la terre et ont été construites par les hommes, remonteront, se révéleront et seront remises à leur place. Or, celui qui place les portes est considéré comme s’il avait bâti l’ensemble de l’édifice, selon le traité Baba Batra 53b. Et, l’on verra aussi le Chaareï Zohar sur le traité Soukka 41a.

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