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Incontestablement, l’un des moments les plus solennels de Yom Kipour semble être le Kol Nidrei, au tout début de la fête. La tonalité unique de cette prière indique que Kipour est là et que le temps suspend son vol pour les prochaines vingt-quatre heures.
Dans l’imaginaire collectif, Kol Nidrei apparaît comme le paroxysme de la liturgie de Kipour, car je suppose que pour beaucoup, ce texte rappelle la grandeur de D.ieu ou Son amour pour Son peuple. Mais en réalité, le Kol Nidrei n’est rien de tout cela ; il s’agit plutôt d’une prière somme toute, conventionnelle, qui consiste à l’annulation des vœux. Voici d’ailleurs un aperçu des paroles prononcées : « les promesses, les vœux et les serments que j’ai faits, qu’ils soient annulés, comme s’ils étaient inexistants ».
Permettez-moi de soumettre une question : pourquoi tant de gravité pour ceci ? (Lire la suite)
Alors, je vais vous raconter une histoire… celle de chacun.
Le Talmud explique qu’avant de descendre sur cette terre, l’âme doit prêter le serment qui suit : « je serai un juste et non un impie ».
Après quelques années de vie et d’errance ici-bas, l’homme fait des vœux et se fait à lui-même des promesses, comme : « cette année je m’achète une voiture ; il faut que je réussisse telle affaire, etc. ». Il se met à avoir confiance en des valeurs étrangères à ses racines. Fidèle à ses nouveaux serments, il s’adonne aux tentations et aux sollicitations de la matière.
L’appel de la consommation et la vénération de l’éphémère ont occupé tant de la place durant toutes ces années, qu’il n’a pu remplir son vœu premier, celui d’être un juste.
C’est alors qu’arrive un moment unique dans l’année : celui où chacun retrouve sa véritable identité, porté par son âme, celle-la même qui avait juré « je serai un juste et non un impie». Cette âme vibrante et frémissante se demande ainsi où en est la réalisation de sa promesse ?
L’examen de conscience commence et notre sens moral nous rappelle qu’il semble y avoir une anomalie… Comment est-il possible d’accepter d’autres promesses envers le monde et sa matière, alors que l’âme s’était engagée en premier lieu à être un Tsadik – un juste.
Kipour s’ouvrant, l’homme dans sa sincérité et son honnêteté choisit de s’adresser à son Créateur en lui disant : « je sais que j’ai fauté par mes implications envers le monde, mais à partir d’aujourd’hui, j’annule ces vœux et je me tiendrai à la seule et unique promesse, la première, celle de mon âme ! ».
Kol Nidrei est donc une prière fondamentale pour ouvrir avec franchise la journée de Kipour, en toute humilité...
Bon Kipour
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