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jeudi 22 octobre 2009

Comment une ridicule petite règle me sauva la vie

Comment une ridicule petite règle me sauva la vie PDF Imprimer E-mail
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Écrit par www.hassidout.org   
Jeudi, 22 Octobre 2009 11:12


 

Que signifie le fait d’être indispensable ?

C’est la question que je me suis posée la majeure partie de ma vie. Peut-être pas précisément en ces termes. Mais j’ai toujours eu le sentiment que j’avais un but à atteindre dans ma vie qui n’était destiné qu’à moi et à moi seul.

Je me rappelle de l’époque où, jeune homme d’une vingtaine d’années, je m’asseyais en dessous d’un arbre, mon dos appuyé contre le tronc, observant la forêt. Je me trouvais à Woodstock, dans la partie nord de l’état de New York, à une époque qu’on a appelé « les années Woodstock ». Des journées entières à méditer sur la vie et le destin. A se sentir libre et sans entraves. A ressentir un potentiel infini.

Je Lui demandais pourquoi Il prodiguait à cet arbre une vie pleine de sens et me laissait dans le noirJ’étais jeune, célibataire et sans enfants. L’argent était sans importance ; soit il était facile à acquérir, soit il ne comptait pas beaucoup.

Et je me trouvais là, assis sous cet arbre, m’interrogeant sur les raisons d’être de ce monde ; à me demander pourquoi D.ieu m’avait placé sur cette terre ; à me demander ce que j’étais censé y accomplir.

Je n’étais alors pas religieux. En tout cas pas de manière formelle. Mais j’étais un être spirituel. Même dans mon enfance j’étais un croyant secret, dans un foyer laïc. Cependant, comparé à ma situation actuelle, je ne peux pas dire que j’étais religieux, bien que je fusse réellement intéressé à communier avec un univers qui transcendait ma petite existence.

Et à ce moment-là, la créature parmi la Création de D.ieu qui s’offrait à ma contemplation était cet arbre en dessous duquel j’étais assis, celui dont le tronc soutenait alors mon dos. J’étais assis là, méditant sur cet arbre et je me mis à l’envier. J’enviais son manque de confusion. Je l’enviais de ne pas traverser de crise d’identité.

Cet arbre semblait connaître parfaitement le pourquoi de son existence. Et son but semblait non seulement clair, mais aussi bénéfique pour le monde environnant, y compris moi, dont le dos était soutenu par le tronc, dont la tête profitait de l’ombre de ses feuilles, et dont le corps jouissait de la fraîcheur de la terre noire et de l’herbe verte qui avait été protégées du soleil ardent par la voûte de son abondant feuillage.

Et j’ai alors entamé ce que tout jeune homme dans ma situation aurait fait : j’ai commencé une conversation avec D.ieu. Je n’étais pas étranger à ces conversations. Je ne les échangeais pas de manière quotidienne, comme je le fais aujourd’hui, mais cela m’arrivait régulièrement et elles étaient toujours émouvantes et profondes.

Et dans cet échange je fis ce que je fais souvent lorsque je parle à D.ieu : je me suis plaint. Je Lui demandais pourquoi Il prodiguait à cet arbre une vie pleine de sens et me laissait moi dans le noir. Je sollicitais la même clarté que celle de l’arbre quant au sens de ma vie. J’ai dis à D.ieu que, de la même manière que j’étais assis là à apprécier cet arbre, je souhaitais aussi que l’on m’apprécie et je voulais que cette expression me soit manifestée en des termes clairs et simples.

Je pense (si mes souvenirs sont bons) que je désirais avant tout savoir pourquoi D.ieu m’avait créé, de sorte que je puisse accomplir ce que j’étais censé accomplir pour atteindre mon objectif dans la vie.

Je n’eus pas de révélation ce jour là. A un moment donné je me suis fatigué de mon dialogue. Je me suis levé, j’ai épousseté mon pantalon et je suis reparti sur mon chemin incertain.

Des années passèrent. Beaucoup de tâtonnements et de recherche et, oui, encore beaucoup de dialogues avec le Très-Haut.

Au cours de ces années là, je me suis rapproché de la Torah, découvert les enseignements des maîtres ‘hassidiques et j’ai ressenti m’être approché du but de mon existence comme jamais auparavant. Mais, pour être honnête, le sens de ma vie ne m’est jamais apparu avec la parfaite limpidité à laquelle j’aspirais lorsque je me trouvais sous l’arbre, ce jour-là.

J’ai regardé mon fils, pris une profonde inspiration et j’ai su à ce moment que je n’allais pas avoir mon trainEn fait c’est bien plus tard, un jour de l’époque où je subissais un traitement de chimiothérapie, que j’ai eu ce moment de clarté que j’attendais. Et, croyez-moi, pendant ces mois de chimio, j’ai souhaité atteindre cette clarté comme jamais je n’avais désiré quelque chose dans ma vie. C’était fondamentalement important pour moi, en ces jours de faiblesse et de peur, d’arriver à une certaine appréhension du pourquoi de mon existence, ce qu’on m’a envoyé accomplir, le territoire de mon indispensabilité.

D’abord, laissez-moi vous dire que j’ai pratiquement cinquante-huit ans. J’ai pas mal d’enfants. Et l’argent n’est ni facile à gagner, ni sans importance. La vie a beaucoup changé depuis l’époque de « Woodstock-sous mon arbre ». Et j’aime la vie, j’en aime chaque millimètre de chaque changement.

Parmi mes sept enfants il y a le petit Dovie âgé de huit ans. C’est le plus jeune. Mon fils aîné vient de se marier.

Un matin, Dovie a piqué une crise. Il ne parvenait pas à trouver sa petite règle de géométrie. Il la cherchait dans toute la maison ; il était en retard pour l’école. Il pleurait parce qu’il avait un contrôle ce jour-là et, s’il n’avait pas sa règle, ce n’est pas seulement qu’il aurait une mauvaise note, on ne le laisserait même pas faire le contrôle. Il s’exposait à ce qui, dans son univers, lui causerait un embarras et une humiliation considérables.

J’étais sur le point de partir pour un rendez-vous et je commençais à être en retard, ayant passé tout ce temps à aider Dovie à chercher sa petite règle. Mais il était au comble de l’angoisse et je ne pouvais pas l’abandonner.

Quand, finalement, dépités et en pleurs, nous avons convenu que la règle était cause perdue, j’ai regardé son petit visage triste et j’ai décidé de l’accompagner à l’école en voiture. Il n’aurait pas sa règle, mais au moins il ne serait pas trop en retard. J’espérais avoir assez de temps pour l’amener à l’école et quand même attraper mon train pour arriver à mon rendez-vous.

Nous avons descendu l’escalier précipitamment, lui, sanglotant toujours d’anxiété vis à vis de ce qui allait lui arriver à l’école, et moi, me dépêchant et espérant ne pas rater mon train, mais surtout ayant beaucoup de peine pour mon petit garçon tout triste.

Nous sommes rapidement rentrés dans la voiture, avons bouclé nos ceintures et, au moment où j’allais faire ma marche arrière pour quitter ma place de parking, je me suis arrêté net. Quelque chose s’est passé en moi. J’ai regardé mon fils, pris une profonde inspiration et j’ai su à ce moment que je n’allais pas avoir mon train. Je n’allais même pas essayer de l’avoir. À la place, j’allais rouler directement jusqu’au magasin le plus proche pour lui acheter cette petite règle dont il avait besoin. Puis j’allais le conduire à l’école, garer la voiture, rentrer dans l’école avec lui et parler à son professeur afin qu’il n’ait pas d’ennuis en raison de son retard.

C’était un moment de clarté absolue. Et, une fois ma décision prise, j’exécutais mon plan sans doute ni hésitation.

Lorsque je fis part de ma décision à mon fils, il sourit, plissa ses petits yeux dans une vaine tentative d’esquisser un clin d’œil, s’assis un peu plus droit sur son siège et regarda par la fenêtre pour y contempler un monde devenu soudain un peu plus lumineux.

Toutefois, peu de temps après avoir acheté la règle, parlé avec le directeur et utilisé mon téléphone portable pour reporter mon rendez-vous, des doutes ont commencé à attaquer ma certitude. Sur le chemin du retour vers la maison, je commençais à m’en vouloir pour mon choix. Comment avais-je pu balayer un rendez-vous juste pour acheter à mon gamin cette stupide règle dont il avait besoin pour son stupide contrôle hebdomadaire de mathématiques ?

Au moment où j’arrivais sur le parking devant ma maison, j’étais fortement troublé et je restais assis dans la voiture quelques instants. Et soudain, venu de nulle part, un sourire s’est formé sur mon visage. Et ce sourire s’est transformé en rire. Et mon rire devint un rayonnement qui, partant de mon cœur, inondait ma tête.

Vois-tu, D.ieu, à quel point mes enfants ont besoin de moi ?Je me rendis compte que, en vérité, j’étais assez fier du choix que j’avais fait.

Et je fis alors ce que tous les pères auraient fait à ma place : j’entamai une conversation avec D.ieu.

Et je Lui demandai : qui avait eu plus besoin de moi à ce moment-là ? Pour qui ma présence et mon attention étaient-elles le plus cruciales ? Qui d’autre serait allé acheter une règle à mon fils ? Qui même s’en serait soucié ?

Vois-tu, D.ieu, à quel point mes enfants ont besoin de moi ? Et comment ils auront encore besoin de moi pendant de longues années ?

Peux-tu voir, D.ieu, que je suis le seul Papa que mes enfants ont, et que ceci est, sans le moindre doute, la seule dimension de ma vie où je suis clairement et indubitablement irremplaçable et indispensable ?

Et alors que je poursuivais ma conversation, à tenter de convaincre D.ieu de mon absolue indispensabilité, demandant que, de par les mérites de cette indispensabilité, Il guérisse ma maladie, j’avais le sentiment que cette stupide petite règle me maintenait en vie.

A compter de ce jour, une nouvelle conscience et une nouvelle prière firent leur entrée dans ma vie. Je commençais à découvrir des dizaines de moments indispensables chaque jour. Et, quand je prenais conscience de ces moments, je leur attachai la même prière : S’il te plaît, D.ieu, ne vois-Tu pas à quel point mes enfants ont besoin de moi ? A quel point il est important de me maintenir en vie ? Guéris-moi.

Cette prière émergeait à chaque fois que mes enfants et moi échangions un sourire ou un baiser d’au revoir, lorsque nous étions assis à parle de leur vie ou de leurs problèmes à l’école ; lorsque je les bordais avant d’aller dormir ou que j’enlaçai mes garçons sous mon talith pendant la Birkat Cohanim ; lorsque nous chantions à la table de Chabbat ou allumions les bougies de ‘Hanouccah, ou lorsque je me rendais à l’école pour parler à leur directeur.

C’étaient des moments qui s’étaient produits des centaines de fois auparavant – parmi lesquels de nombreuses petites règles perdues, des pinces à cheveux mal mises, des sentiments meurtris, des moments de déception, un problème de maths résolu. Seulement à présent ils devenaient des moments essentiels, chacun accompagné d’une prière. Ils étaient désormais accompagnés de la conscience du rôle absolument décisif qu’ils jouaient dans la vie de mes enfants et de la mienne. C’étaient des moments, je le pensais, qui me gardaient en vie.

Dans ces prières, bien que courtes et silencieuses et à peine discernables, j’essaie désespérément de convaincre D.ieu de mon indispensabilité. Tel un avocat, je plaide ma cause, implorant le Tout-Puissant avec toute l’intensité de mon amour pour mes enfants, que dans Sa miséricorde Il me permette de remplir mon rôle pour encore de très très nombreuses années.

Car, voyez-vous, je suis devenu comme un arbre. Et de même que cet arbre soutenait mon dos quand je m’y suis appuyé, à présent c’est moi qui soutiens mes enfants lorsqu’ils s’appuient sur moi. De même que les feuilles m’ont protégé du soleil brûlant, je procure moi aussi à mes enfants une protection et un réconfort au sein d’un monde qui menace parfois de brûler leur peau fragile. Et de la même manière que la voûte feuillue permettait à la terre de conserver son humidité pour nourrir l’herbe verte en dessous, de même je prodigue à mes enfants la nourriture physique, émotionnelle et spirituelle dont ils ont besoin pour grandir convenablement.

Ma prière de Woodstock a été exaucée.

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