Mise à jour le 13 Janvier 110 | ||||||||||
Site des fêtes juives |
Le pasteur qui aimait les beignets
Kislev 5763.
Le Rav Binyamin Scheiman, Rabbin à Des Plaines, Illinois, préparait sa campagne de 'Hannoucah. Il est visiteur des prisons, entre autres tâches qu'un représentant du Bon D.ieu se doit de faire.
Le voici donc dans une de ces prisons de haute sécurité, muni du "matériel" comme du spirituel convenant au partage des valeurs de 'Hannoucah. Comme d'habitude, une visite de courtoisie s'imposait auprès de l'aumônier de la prison, auquel il a l'habitude de présenter les diverses brochures destinées aux pensionnaires juifs. Mike Green, 43 ans, était pasteur protestant profondément religieux, fort amical envers les prisonniers juifs. N'a-t-il pas écrit un jour dans une des publications de sa paroisse que le verset "Je bénirai ceux qui te bénissent" (Berechit 12, 3) signifie que D.ieu accorde sa bénédiction à ceux qui chérissent le Peuple Juif. Il avait même au fond de ses tiroirs une paire de Tefilin, pour le cas ou un prisonnier juif demande à les mettre.
Mais écoutons le récit du Rav Scheiman.
"Je lui ai présenté ce jour là tous mes documents, y compris notre brochure sur 'Hannoucah. Une histoire, quelques lois et coutumes, le sens de la fête à cette époque et sa signification de nos jours, les directives pour l'allumage des bougies, diverses recettes de beignets et latkès sans lesquels 'Hannoucah pourrait manquer de goût. Des beignets sucrés, salés, à la confiture, au fromage, selon les diverses coutumes du Peuple Juif. Le prêtre parcourut rapidement les diverses pages, pour s'attarder sur la page des recettes. Rien d'étonnant, vu son gabarit, me dis-je, à ce qu'il sache apprécier une recette de cuisine.
Mon étonnement vint d'ailleurs.
"Exactement la recette de ma grand-mère!" Surpris, je tentais "mais votre grand-mère n'était-elle pas une protestante dévote? - Non, ma grand-mère était juive, mais elle et son mari qui n'était pas juif ont tout fait pour ne pas en parler. J'étais encore enfant lorsqu'ils sont morts, mais je me souviens encore des visites au cimetière juif avec eux, et plus encore de ces spécialités de pomme de terre qu'elle préparait à 'Hannoucah.
Je me suis toujours dit que j'étais un quart juif, puisque à part ma grand-mère, les deux parents de mon père étaient des irlandais pur jus…" J'étais au comble de la surprise… L'aumônier protestant était donc un juif! Avec prudence et des mots choisis, je me mis en devoir de lui expliquer que si sa grand-mère était juive, sa mère l'était aussi et qu'il était donc lui-même juif pleinement et non "au quart" au regard de la loi juive. Ce fut son tour d'être surpris. Il mit du temps à digérer l'histoire. Je lui proposai sans tarder de mettre les Tefilin, ce qu'il accepta de bonne grâce. Alors que j'entourais les lanières autour de son bras, et récitai "Chéma Israël" avec lui, je sentais son intense bouleversement. Il ressentait avec étonnement l'opposition absolue entre les gestes qu'il faisait et sa fonction de prêtre.
Le Rav Scheiman revint chez lui bouleversé. Il ne se contenta pas des souvenirs d'enfance de Mike, et contacta avec lui une vieille tante qui habitait à Peoria, une autre ville de l'Illinois. Elle se souvenait encore de la Brit Milah de Mike, qui avait été nommé Mordekhay 'Haïm. Elle prévint Mike d'être très diplomatique avec son propre père, qui supporterait mal de voir son fils s'afficher comme juif. Mike lui fit remarquer qu'il était assez grand pour mener sa vie comme il l'entendait. Mike commença à se rapprocher du judaïsme. Il veilla à ne pas confier trop tôt ses parents les bouleversements qui l'agitaient. Il se mit à pratiquer des Mitsvot de base, et progressa pas à pas, malgré les réactions mitigées de son entourage, l'opposition franche de ses amis du clergé, voire des prisonniers qu'il avait visités. Il eut le redoutable défi d'apprendre le judaïsme et se défaire des modes de pensée et pratiques dans lesquels il avait grandi et exercé.
Sa femme eut une réaction surprenante: elle me dit qu'elle comprenait maintenant pourquoi Mike avait l'habitude chaque année d'envoyer un don au Bné Brit et au KKL.
Mike ne se contenta pas de revenir à ses sources. Au terme de quelques mois et épreuves, il fit la demande auprès des autorités de la Justice pour poursuivre ses activités d'aumônier, mais cette fois en tant que rabbin, et non plus comme pasteur protestant. Rabbin Mordekhay 'Haïm Green. Et tout ça par le mérite d'une recette de beignets, conclut le Rav Scheiman.
Traduit de Si'hat Hachavoua, N° 1198, Hannoucah 5770
Le Rav Binyamin Scheiman, Rabbin à Des Plaines, Illinois, préparait sa campagne de 'Hannoucah. Il est visiteur des prisons, entre autres tâches qu'un représentant du Bon D.ieu se doit de faire.
Le voici donc dans une de ces prisons de haute sécurité, muni du "matériel" comme du spirituel convenant au partage des valeurs de 'Hannoucah. Comme d'habitude, une visite de courtoisie s'imposait auprès de l'aumônier de la prison, auquel il a l'habitude de présenter les diverses brochures destinées aux pensionnaires juifs. Mike Green, 43 ans, était pasteur protestant profondément religieux, fort amical envers les prisonniers juifs. N'a-t-il pas écrit un jour dans une des publications de sa paroisse que le verset "Je bénirai ceux qui te bénissent" (Berechit 12, 3) signifie que D.ieu accorde sa bénédiction à ceux qui chérissent le Peuple Juif. Il avait même au fond de ses tiroirs une paire de Tefilin, pour le cas ou un prisonnier juif demande à les mettre.
Mais écoutons le récit du Rav Scheiman.
"Je lui ai présenté ce jour là tous mes documents, y compris notre brochure sur 'Hannoucah. Une histoire, quelques lois et coutumes, le sens de la fête à cette époque et sa signification de nos jours, les directives pour l'allumage des bougies, diverses recettes de beignets et latkès sans lesquels 'Hannoucah pourrait manquer de goût. Des beignets sucrés, salés, à la confiture, au fromage, selon les diverses coutumes du Peuple Juif. Le prêtre parcourut rapidement les diverses pages, pour s'attarder sur la page des recettes. Rien d'étonnant, vu son gabarit, me dis-je, à ce qu'il sache apprécier une recette de cuisine.
Mon étonnement vint d'ailleurs.
"Exactement la recette de ma grand-mère!" Surpris, je tentais "mais votre grand-mère n'était-elle pas une protestante dévote? - Non, ma grand-mère était juive, mais elle et son mari qui n'était pas juif ont tout fait pour ne pas en parler. J'étais encore enfant lorsqu'ils sont morts, mais je me souviens encore des visites au cimetière juif avec eux, et plus encore de ces spécialités de pomme de terre qu'elle préparait à 'Hannoucah.
Je me suis toujours dit que j'étais un quart juif, puisque à part ma grand-mère, les deux parents de mon père étaient des irlandais pur jus…" J'étais au comble de la surprise… L'aumônier protestant était donc un juif! Avec prudence et des mots choisis, je me mis en devoir de lui expliquer que si sa grand-mère était juive, sa mère l'était aussi et qu'il était donc lui-même juif pleinement et non "au quart" au regard de la loi juive. Ce fut son tour d'être surpris. Il mit du temps à digérer l'histoire. Je lui proposai sans tarder de mettre les Tefilin, ce qu'il accepta de bonne grâce. Alors que j'entourais les lanières autour de son bras, et récitai "Chéma Israël" avec lui, je sentais son intense bouleversement. Il ressentait avec étonnement l'opposition absolue entre les gestes qu'il faisait et sa fonction de prêtre.
Le Rav Scheiman revint chez lui bouleversé. Il ne se contenta pas des souvenirs d'enfance de Mike, et contacta avec lui une vieille tante qui habitait à Peoria, une autre ville de l'Illinois. Elle se souvenait encore de la Brit Milah de Mike, qui avait été nommé Mordekhay 'Haïm. Elle prévint Mike d'être très diplomatique avec son propre père, qui supporterait mal de voir son fils s'afficher comme juif. Mike lui fit remarquer qu'il était assez grand pour mener sa vie comme il l'entendait. Mike commença à se rapprocher du judaïsme. Il veilla à ne pas confier trop tôt ses parents les bouleversements qui l'agitaient. Il se mit à pratiquer des Mitsvot de base, et progressa pas à pas, malgré les réactions mitigées de son entourage, l'opposition franche de ses amis du clergé, voire des prisonniers qu'il avait visités. Il eut le redoutable défi d'apprendre le judaïsme et se défaire des modes de pensée et pratiques dans lesquels il avait grandi et exercé.
Sa femme eut une réaction surprenante: elle me dit qu'elle comprenait maintenant pourquoi Mike avait l'habitude chaque année d'envoyer un don au Bné Brit et au KKL.
Mike ne se contenta pas de revenir à ses sources. Au terme de quelques mois et épreuves, il fit la demande auprès des autorités de la Justice pour poursuivre ses activités d'aumônier, mais cette fois en tant que rabbin, et non plus comme pasteur protestant. Rabbin Mordekhay 'Haïm Green. Et tout ça par le mérite d'une recette de beignets, conclut le Rav Scheiman.
Traduit de Si'hat Hachavoua, N° 1198, Hannoucah 5770
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