Mise à jour le 9 Juin 109 | ||||||||||
Lag Baomer sur le canal
En 1971, je n’effectuais pas mon service militaire actif, mais j’ai passé la journée de Lag Baomer près de la ligne de front, sur la frontière israélo-égyptienne, au bord du Canal de Suez.
Deux jours avant Lag Baomer, le Rabbi de Loubavitch avait demandé que nous fassions parvenir à tous les soldats postés aux frontières une lettre spéciale de sa part afin de leur remonter le moral. Avec quelques autres ‘Hassidim du village de Kfar ‘Habad, je me suis dirigé vers le Sinaï. Nous avons emporté de nombreuses photocopies de la lettre, des gâteaux et de la vodka. Au petit matin, nous sommes arrivés au fortin Balouza où nous avons demandé au commandant de la région la permission de visiter tous les fortins postés non loin du Canal. C’était un colonel, mais il accepta que nous nous rendions partout sauf sur le canal lui-même: "Ces épaules, dit-il en désignant ses insignes militaires, ont déjà envoyé de nombreux soldats au front mais ma conscience m’interdit d’y envoyer un seul civil qui n’aurait pas dû s’y trouver".
Il nous procura des casques et des gilets pare-balles et nous sommes partis. Partout nous avons été accueillis à bras ouverts par les soldats, heureux de notre visite.
A un moment donné, nous avons aperçu un convoi qui allait approvisionner tous les fortins. Nous avons décidé de prendre nos responsabilités: "Vous allez vers le front ?" avons-nous demandé tout naturellement. "Oui", répondit l’un des conducteurs en nous proposant des places dans son command-car.
L’après-midi, nous sommes arrivés au premier fortin. Pendant que le conducteur déchargeait les caisses, nous avons rassemblé les soldats et leur avons distribué la lettre du Rabbi, des gâteaux et… de quoi trinquer "Le’haïm", "A la vie !". Le dernier fortin auquel nous sommes parvenus s’appelait Tempo.
"Avez-vous apporté des friandises ?" demanda le commandant au conducteur.
"Désolé, pas cette fois-ci !" répondit-il.
"Dommage car un de nos soldats célèbre justement son anniversaire…"
A ce moment, nous avons jailli du command-car et nous avons distribué les gâteaux et la vodka ! Les soldats se sont rassemblés autour de nous et nous avons fêté cet anniversaire avec une joie difficile à décrire. Certainement ce soldat ne l’oubliera jamais !
Les soldats avaient du mal à nous laisser repartir mais nous dépendions du convoi. Sur le chemin du retour, une tempête de sable s’éleva, si dense qu’il était presque impossible d’ouvrir les yeux. Quand nous sommes arrivés à Balouza, le commandant voulut nous remercier: "J’ai reçu de tous les fortins des rapports élogieux sur vos visites !". Il enleva un rideau et découvrit une carte aérienne de toute la région: il désigna chacun des fortins; quand il pointa le doigt sur celui qui était le plus près du canal, je laissai échapper: "Ça, c’est Tempo !"
"Comment connais-tu ce nom ?" demanda-t-il, étonné.
" Nous en revenons justement !" répondis-je, conscient d’avoir "gaffé" et je lui racontai avec un sourire comment nous nous étions débrouillés pour contrer ses volontés. Il sourit: "Que puis-je dire ? Vous, vous recevez vos ordres directement du Rabbi !"
* * *
A Rafia’h, nous avons été obligés d’attendre la formation d’un nouveau convoi car il est impossible de se déplacer de nuit dans des voitures particulières. Soudain un autobus s’arrêta à côté de nous et le conducteur nous demanda: "Que faites-vous ici à Lag Baomer ?" Nous lui avons raconté tout ce que nous avons fait pour le moral de nos soldats. Le conducteur fut très impressionné: il descendit du bus, nous embrassa tous l’un après l’autre et dit: "J’ai entendu aujourd’hui à la radio que des milliers de ‘Hassidim se sont rendus à Méron en pèlerinage sur la tombe de Rabbi Chimon Bar Yo’haï, mais vous, vous n’êtes pas allés à Méron ! Pourtant je suis sûr que Rabbi Chimon Bar Yo’haï était aujourd’hui avec vous, à côté du canal !"
Avraham Meizlich
traduit par Feiga Lubecki
Deux jours avant Lag Baomer, le Rabbi de Loubavitch avait demandé que nous fassions parvenir à tous les soldats postés aux frontières une lettre spéciale de sa part afin de leur remonter le moral. Avec quelques autres ‘Hassidim du village de Kfar ‘Habad, je me suis dirigé vers le Sinaï. Nous avons emporté de nombreuses photocopies de la lettre, des gâteaux et de la vodka. Au petit matin, nous sommes arrivés au fortin Balouza où nous avons demandé au commandant de la région la permission de visiter tous les fortins postés non loin du Canal. C’était un colonel, mais il accepta que nous nous rendions partout sauf sur le canal lui-même: "Ces épaules, dit-il en désignant ses insignes militaires, ont déjà envoyé de nombreux soldats au front mais ma conscience m’interdit d’y envoyer un seul civil qui n’aurait pas dû s’y trouver".
Il nous procura des casques et des gilets pare-balles et nous sommes partis. Partout nous avons été accueillis à bras ouverts par les soldats, heureux de notre visite.
A un moment donné, nous avons aperçu un convoi qui allait approvisionner tous les fortins. Nous avons décidé de prendre nos responsabilités: "Vous allez vers le front ?" avons-nous demandé tout naturellement. "Oui", répondit l’un des conducteurs en nous proposant des places dans son command-car.
L’après-midi, nous sommes arrivés au premier fortin. Pendant que le conducteur déchargeait les caisses, nous avons rassemblé les soldats et leur avons distribué la lettre du Rabbi, des gâteaux et… de quoi trinquer "Le’haïm", "A la vie !". Le dernier fortin auquel nous sommes parvenus s’appelait Tempo.
"Avez-vous apporté des friandises ?" demanda le commandant au conducteur.
"Désolé, pas cette fois-ci !" répondit-il.
"Dommage car un de nos soldats célèbre justement son anniversaire…"
A ce moment, nous avons jailli du command-car et nous avons distribué les gâteaux et la vodka ! Les soldats se sont rassemblés autour de nous et nous avons fêté cet anniversaire avec une joie difficile à décrire. Certainement ce soldat ne l’oubliera jamais !
Les soldats avaient du mal à nous laisser repartir mais nous dépendions du convoi. Sur le chemin du retour, une tempête de sable s’éleva, si dense qu’il était presque impossible d’ouvrir les yeux. Quand nous sommes arrivés à Balouza, le commandant voulut nous remercier: "J’ai reçu de tous les fortins des rapports élogieux sur vos visites !". Il enleva un rideau et découvrit une carte aérienne de toute la région: il désigna chacun des fortins; quand il pointa le doigt sur celui qui était le plus près du canal, je laissai échapper: "Ça, c’est Tempo !"
"Comment connais-tu ce nom ?" demanda-t-il, étonné.
" Nous en revenons justement !" répondis-je, conscient d’avoir "gaffé" et je lui racontai avec un sourire comment nous nous étions débrouillés pour contrer ses volontés. Il sourit: "Que puis-je dire ? Vous, vous recevez vos ordres directement du Rabbi !"
* * *
A Rafia’h, nous avons été obligés d’attendre la formation d’un nouveau convoi car il est impossible de se déplacer de nuit dans des voitures particulières. Soudain un autobus s’arrêta à côté de nous et le conducteur nous demanda: "Que faites-vous ici à Lag Baomer ?" Nous lui avons raconté tout ce que nous avons fait pour le moral de nos soldats. Le conducteur fut très impressionné: il descendit du bus, nous embrassa tous l’un après l’autre et dit: "J’ai entendu aujourd’hui à la radio que des milliers de ‘Hassidim se sont rendus à Méron en pèlerinage sur la tombe de Rabbi Chimon Bar Yo’haï, mais vous, vous n’êtes pas allés à Méron ! Pourtant je suis sûr que Rabbi Chimon Bar Yo’haï était aujourd’hui avec vous, à côté du canal !"
Avraham Meizlich
traduit par Feiga Lubecki
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire