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vendredi 13 mars 2009

Le récit de la semaine : "Le silence et le fascicule"


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Magazine - Récits
Écrit par www.hassidout.org
Vendredi, 13 Mars 2009 12:56



Je suis né à Hertzlya ; mes parents m’ont donné en guise d’éducation juive «aucune notion de judaïsme» : ni Chabbat, ni Yom Kippour, ni cacherout… Jamais je n’avais mis les pieds dans une synagogue. «Moderne et éclairé», je ne voyais dans les gens pratiquants que des parasites d’un autre âge…

Au cours de la première guerre du Liban, en 1982, durant l’un des durs combats au corps à corps contre les terroristes, un de mes compagnons d’arme est mort entre mes bras. Malgré toute la préparation psychologique que nous avions reçue à l’armée, j’étais persuadé que cela ne m’arriverait pas mais cela m’était arrivé. A la suite de cela, notre bataillon a eu droit à une semaine de permission, j’en profitai pour réfléchir au sens de la vie : la veille de sa mort, mon ami et moi avions discuté de nos projets après la guerre. Et maintenant, que restait-il de lui ? Rien ! C’est alors que j’ai décidé de ne pas gâcher ma vie. Je me plongeai dans les livres de psychologie : pendant les longues heures de garde, pendant les pauses, à tout instant libre, je m’instruisais. A part cela, je me mis à pratiquer le triathlon à haut niveau et à me former aux médecines alternatives. Bien vite, je me rendis compte que je dégageai des «ondes bienfaisantes» pour les patients qui m’étaient confiés. Mon professeur me proposa alors de l’accompagner aux Etats-Unis afin d’y parfaire mes compétences : c’était une occasion en or, qu’il était impossible de refuser. Le nombre de mes patients augmenta ainsi que l’importance de mes revenus. Une carrière en or m’attendait.
De plus le titre de «Maître», le plus haut degré de cette technique orientale, était maintenant à portée de main. (Lire la suite)

Mais comme je suis un homme ordonné, je devais comprendre où je m’engouffrais. Je me mis à lire de nombreux livres à ce sujet, sans trouver de réponse satisfaisante.
Il ne me restait plus qu’à m’envoler pour l’Inde. Je fus admis dans un monastère sous la direction du Dalaï Lama, j’y appris le tibétain et m’approfondis dans l’étude du boudhisme. On me conseilla alors de m’isoler du monde au sein d’un monastère situé au cœur de la jungle : là, le silence me permettrait, affirma-t-on, de connaître tous les méandres de ma personnalité. Le silence devait être absolu : la seule parole permise serait des mantras, des phrases pseudo-mystiques à répéter à l’infini.
J’avais écrit à mes parents, les avisant de ne pas chercher à avoir de mes nouvelles avant six mois.

Le paysage était magnifique, complètement coupé du monde. Le monastère lui-même était entouré d’une muraille afin de protéger les quinze moines qui y vivaient des bêtes sauvages qui rôdaient alentour. Moi qui me croyais un moine «avancé», j’y découvrais des moines bien plus aguerris et rompus aux techniques, à l’épreuve de la méditation.
Oui, l’épreuve, l’épreuve du silence. De jour en jour, elle devenait de plus en plus difficile à supporter, comme un feu dévorant, comme une montagne qui explose. Je ressentais un besoin profond de parler et je me retenais ; je sais être dur envers moi-même. Mais, de fait, je ne disposais pas d’un calendrier, je ne savais même pas depuis combien de temps j’étais là : on m’appellera au bout de six mois, m’avait-t-on promis.

Un jour, au bord d’une rivière, les mots sortent de ma bouche sans que je puisse les dominer. Je parle et je parle. Et quels sont ces mots ? J’ai peine à le croire mais ce sont les versets de la Haftara que j’avais été obligé d’apprendre pour ma Bar Mitsva ! C’est incroyable ! Pourquoi ? Je n’avais pas la nostalgie des cours de Talmud Torah ! Cet épisode m’intrigua fortement.

Mais ce ne fut pas suffisant pour me faire changer de direction. Ce qui devait m’influencer définitivement fut un feuillet tapi dans la poche de mon sac de voyage. La lumière de mes bougies – que j’utilisai pour étudier les vieux manuscrits relatifs à la médecine alternative – s’était éteinte et je recherchai dans mon sac d’autres bougies. C’est alors que je mis la main sur un fascicule encourageant la mise des Téfilines que m’avait remis le Chalia’h, l’émissaire du Rabbi en Allemagne, lors d’un transit. C’était écrit en allemand, je ne comprenais pas cette langue mais j’y trouvai la photo du Rabbi et quelques mots en hébreu, des mots que je n’avais jamais entendus auparavant, alors que j’étais né et que j’avais été éduqué en Israël : «Chema Israël…» !

Je me mis alors à trembler de tous mes membres, je lus, je criai et je relus le verset de toutes mes forces. D’où me venait cette émotion soudaine ? Jamais je n’avais vu ce verset (il faut préciser que pour l’épreuve de Bible au baccalauréat, j’avais triché tant le sujet ne n’intéressait pas !). J’étais effondré. Moi qui ne m’étonnais plus de rien, moi pour qui tout avait une explication rationnelle, je ne comprenais plus ce qui m’arrivait. Après une nuit sans sommeil, ma décision était prise. Je retournerais en Israël avec le premier vol disponible.
La tête rasée – à part la queue de cheval de rigueur chez les moines boudhistes – j’arrivai à Hertzlya. En face de la maison de mes parents, une grande affiche invitait les passants à assister à une soirée sur la mystique juive. Moi qui avais parcouru tant de pays à la recherche de la vérité, moi qui avais goûté à toutes les sectes, je me rendais compte que je ne connaissais rien du judaïsme. L’orateur était pratiquant, il évoqua des concepts que je connaissais bien (la réincarnation, la vie après la mort…) et s’adressa à moi, sans doute parce que je ne portais pas de Kippa et que mon «look» était bien différent des autres… Il m’invita à assister à d’autres cours.

Le vendredi après-midi, j’arrivai à la synagogue. Le responsable me précisa l’heure de la prière du soir puis du matin et m’invita à me tremper au Mikvé (bain rituel). Cela me rappela le jacuzzi… Le préposé me demanda de payer cinq Chekalim ; je ne les avais pas et le responsable de la synagogue me les avança.
Comme je suis bien élevé, je me présentai le lendemain matin, pour rembourser ma dette. C’était Chabbat mais cela ne signifiait rien pour moi. Dès la fin de la lecture de la Torah, je m’approchai du responsable et lui tendis un billet de vingt Chekalim.

Que n’avais-je fait ! Le résultat fut dramatique. «Mouktsé» ! s’écria le responsable, voulant signifier ainsi que le billet ne pouvait être déplacé le Chabbat. «Jette cela par terre !» s’écria un des fidèles. Et je ne comprenais pas. «Je ne vois pas le problème ! Je ne suis pas un terroriste ! Ce n’est qu’un billet de banque ! Qui peut m’expliquer ce qui se passe ici ?»
Bien entendu, on m’expliqua l’importance du Chabbat et de bien d’autres commandements. Patiemment, on répondit à mes questions et, fidèle à ma décision originelle, je décidai que la vie ne devait pas être gaspillée : puisque la vérité existe, je dois m’y conformer !

Ce ne fut pas facile. Mes parents étaient très malheureux : mon crâne rasé ne les avait pas dérangés mais une barbe, une Kippa et des Tsitsit (franges rituelles), c’était au-delà de leur compréhension. Moi aussi j’avais détesté «les hommes en noir», les Juifs pratiquants, par pure démagogie, sans m’être donné la peine de comprendre, à l’époque, leurs motivations.
Je me suis marié et je mène une vie juive à cent pour cent. Je continue d’étudier intensément la Torah et je suis millionnaire ! Non pas en argent mais en satisfaction personnelle. J’ai l’impression d’avoir trouvé un trésor et j’en fais profiter les autres. Je répète à tous ceux qui veulent bien m’écouter : «Votre vie dépend de vous ! Venez, goûtez et voyez combien D.ieu est bon» !

Rav Yitshak Fanger
Kfar Chabad n°1316
traduit par Feiga Lubecki

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